Je ne suis pas encore arrivé au camp que
déjà un appel retentit sur le canal d’urgence: le responsable d’une ONG avertit qu’un
groupe de manifestants, des villageois en colère, bloque la route d’accès; il
appelle les Nations Unies à la rescousse. Je fonce donc sur les lieux. Je
commence à réaliser l’ampleur de la situation, lorsque je dépasse sur près de
deux kilomètres une interminable queue de véhicules sur les bas-côtés. Il y a
là tous les transports de l’aide humanitaire aux réfugiés: les camions citernes
d’approvisionnement en eau potable, les camions de matériaux de construction,
les camions d’aide alimentaire, et bien sûr tous les 4x4 et autres véhicules du
personnel humanitaire. Je sens mon cœur battre à tout rompre: je sais qu’il va
me falloir gérer seul cette crise, la première depuis mon entrée en fonction aux
Nations Unies.