J’étais de retour à Bangkok, en période de soudure entre deux missions, et mon visa pour la Thaïlande expirait dans quelques jours. Il m'en fallait vite un nouveau. Comme beaucoup dans cette situation, je décidai de sortir du royaume pour quelques heures, le temps d’obtenir un nouveau visa. Le plus facile à l’époque, c’était de franchir la frontière malaisienne, dans le sud. Après une longue nuit de train, j’arrivai donc au consulat de Thaïlande de Penang, en Malaisie. J’y déposai aussitôt ma demande de visa et mon passeport, et descendis en ville me chercher une petite chambre pour la nuit. La loi thaïlandaise stipulait en effet que le consulat se devait de répondre aux demandeurs de visa dans les 24 heures. Une seule nuit à Penang suffisait donc avant de remonter sur Bangkok. Je trouvai assez vite dans le quartier chinois un petit hôtel, spartiate, mais propre et pas cher, tenu par un vieux Chinois sympathique qui baragouinait quelques mots d’anglais. Dès mon arrivée, il réclama mon passeport pour le "check-in". Que faire? Sans passeport pas d’hébergement possible, c’est la loi. Et mon passeport, je venais donc de le déposer au consulat de Thaïlande. Il me vint une idée : l'air de rien, je sortis mon passeport diplomatique onusien*, que par chance j’avais gardé sur moi, et lui tendis. Il le prit, regarda perplexe sa couverture bleu ciel inhabituelle puis, me fixant du regard avec un air admiratif me fit : « -Ah, vous êtes des Nations Unies… Hmm… un grand pays!…[puis, secouant tristement la tête ajouta] …dommage qu'il soit toujours en guerre! »
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* de son vrai nom le « Laisser-Passer
de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ».
Période
Post-UNTAC, 1993
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Dans la petite chambre de l'hôtel du vieux chinois
de Penang
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