31 janv. 2011

Vivre sous les tropiques: "les petites bestioles" (première partie)

Qui dit vivre sous les tropiques, dit aussi bien sûr cohabiter avec une faune très large de petites bestioles, gentilles et moins gentilles, qui viennent agrémenter notre train-train quotidien d'émotions sans égal. Les anecdotes concernant cette cohabitation sont innombrables, en voici juste quelques unes:   

[Bangkok, Thaïlande] [NB. En Asie du Sud-est on se déchausse toujours avant d'entrer dans une maison. On laisse alors les chaussures devant l'entrée]. Un jour, chez nous à Bangkok, alors que je mettais mes chaussures, je sentis que quelque chose empêchait mon pied de pénétrer jusqu’au fond de la chaussure, comme parfois ces papiers d'emballage qui restent coincés après l’achat.

Je sortis donc mon pied et secouai la chaussure à l'envers; quelle ne fut pas ma surprise d'en voir tomber… un beau crabe noir! Un crabe en plein Bangkok??! Il s'agissait d'un de ces crabes qui vivent dans les canaux de Bangkok, voire les égouts. Comment avait-il trouvé le chemin de l’entrée de notre maison, je l'ignore mais toujours est-il qu'il avait déjà élu domicile dans ma chaussure. Depuis, je ne me chausse jamais sans avoir vérifié au préalable que mes chaussures soient inhabitées.
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[Vientiane, Laos] Un jour ma femme, hilare, m'appela depuis la cuisine : "- Stéphane, viens voir, c'est trop mignon!..." J’arrivai en courant; elle était devant l'évier: "- regarde, un petit crabe; il passe ses pinces par la grille de la bonde comme pour nous dire bonjour !…" me dit-elle en riant.  Je regardai: il y avait bien des pinces noires qui s'accrochaient à la grille de la bonde mais quelque chose m'inquiétait un peu: "-Hmm, je crains que ce ne soit pas ce que tu crois; ce n'est peut-être pas un crabe…" Elle me regarda perplexe: "- ben, c'est quoi alors?"  "- Tu veux le savoir? …Attends…". J’allai chercher un tournevis dans ma trousse à outils puis revins aussitôt dévisser la bonde. La petite pince noire était toujours là mais la bête ne se décidait pas à sortir du tuyau d’évacuation de l’évier. Nous laissâmes alors couler un peu d'eau du robinet, et c'est alors que la bête sortit de sa tanière : un énorme scorpion noir ! [Voir photo plus bas]. Ma femme jeta un cri et recula d'un bond  Le scorpion maintenant s'agitait mais glissait sur les parois lisses de l'évier et ne pouvait en aucun cas en sortir. Je refermai la bonde pour qu’il ne s’échappât pas, et je pus alors aller chercher tranquillement dans les poubelles un vieux pot de yaourt ; je plaçai ce dernier à l'envers sur le scorpion, en un seul mouvement, prenant soin de ne pas approcher mes doigts du dard venimeux, puis je pliai une feuille de papier en quatre que je glissai sous le pot, retournai le tout et emportai le scorpion à l'extérieur de la maison.
Bon, la fin est un peu triste; ce n’est pas très bouddhique ni très non-violent, mais pour la sécurité des enfants, du chat et du chien, au lieu de relâcher le scorpion dans la nature, je me résignai à contrecœur à l'écraser...

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 [a Siem Reap, Cambodge], Un matin, alors que j'étais encore tout engourdi de sommeil, je me tournai sur mon lit, ouvris un œil… et me réveillai en sursaut! A quelques centimètres de mon nez  le mur contre lequel était plaqué mon lit était noir de fourmis, qui grouillaient dans tous les sens! Comme d'habitude, dans ces situations-là, je courus… prendre mon appareil photo! Qui me croira autrement? [Il me faudra donc retrouver plus tard cette photo pour illustrer cette petite anecdote]. La photo dûment prise, j'appelai ensuite la propriétaire et c'est alors que j'assistai impuissant au terrible massacre à l'insecticide de milliers de petits êtres en l'espace de quelques secondes. Le mur redevint blanc et la colonie ne revint jamais sur les lieux. Mais je n'ai jamais su pourquoi ces petites bêtes étaient venues s'installer dans ma chambre. En tout cas je leur suis très reconnaissant d'être restées gentiment sur le mur et de m'avoir ainsi épargné le supplice indien.  
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[Site 2] Un jour alors que nous étions en train de prendre notre déjeuner dans une petite gargote en bambou du camp, Mr Nop Seng, mon traducteur d’alors, assit à mes côtés, balaya soudain la table de son bras dans un sursaut, et se jeta en arrière en criant quelque chose, puis il se mit à chercher par terre… Tous les clients du restaurant se levèrent avec des cris. Je ne comprenais rien du tout de ce qu'il se passait. Et ce d'autant moins qu’après avoir longuement cherché par terre, ils ne trouvèrent rien. Mr Nop Seng m'expliqua alors: un scolopendre, cette espèce de grand mille-pattes très venimeux, à la solide carapace marron foncée, doté de deux gros crocs avec lesquelles il pique et injecte son venin, était tombé sur la table, Mr Nop Seng l'avait alors balayé de la table de son bras, mais une fois parterre la bestiole avait réussi à s'enfuir. Je n'avais donc pas vu la bête, mais j'avais en revanche pu constater combien les autochtones la craignaient. Il faut dire que son venin, bien que très rarement mortel reste toutefois extrêmement douloureux, tellement douloureux que sur les terrains fragiles tels les petits enfants, les femmes enceintes, les personnes aux faiblesses cardiaques ou vieillards la piqûre pouvait induire un coma, voire la mort dans les cas extrêmes. Lorsque nous vivions à Tapraya, un de nos amis, John B, s’était ainsi fait piquer dans sa salle de bain et s’était retrouvé dans un semi coma pendant trois jours.
Ce n'est que plus tard que j'eus l'occasion de rencontrer ces petits monstres de scolopendres...et même un peu trop souvent:
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Lorsque nous habitions Surin, dans le nord-est de la Thaïlande, il devait y avoir un nid de scolopendres sous la maison, car nous en trouvions pratiquement tous les jours un ou deux dans la salle de bain avant de prendre notre douche. Passée la terreur des premiers jours, les choses devinrent vite de la routine: ma femme m'appelait alors, j'allais chercher le manche à balai, je me plaçais doucement au-dessus de la bête et d'un coup sec j'écrasais la tête. Le problème était de bien viser. Et de ne pas confondre la tête avec la queue. Un jour, que j'étais au prise avec une de ces charmantes petites bêtes, dont j'avais déjà coupé la tête, le scolopendre s'accrocha au manche à balai et commença à y grimper. Je secouai le manche, mais la bête continuait à grimper vers mes mains, je frappai le sol plus fort et plus frénétiquement que jamais ; cette fois la bestiole lâcha prise et tomba, mais à ma plus grande surprise, elle retrouva aussitôt le trou d'évacuation des eaux et allait s'échapper si je ne lui avais pas asséné au dernier moment le coup fatal. Le "combat" m'avait donné des frissons dans le dos. Quelques jours plus tard, j'allai visiter un bon ami américain, Michael M., entomologiste de son état, pour l'interroger: "- Mike, comment expliques-tu ça? J'avais bien coupé la tête de ce scolopendre, et pourtant il grimpa encore le manche à balai, et put même retrouver le trou évacuation une fois retombé?" Et Mike, sur un ton docte mais les yeux rieurs me donna alors la réponse la plus scientifique qui fut: "- Et bien, c'est bien simple, parce que cet animal …vient de l'enfer!"

[à suivre...]


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3 commentaires:

  1. Hmmm, les scolopendres, j'en ai déja vu en voyage (certains assez gros) mais j'espère ne jamais en trouver dans un endroit où je vis ...

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  2. J'en ai plein chez moi des scolopendres ; le plus gros faisait 10 cm de long et j'ai gazé la cave de trouille ce jour-là, mais il y en a encore régulièrement des plus petits... et c'est à Montreuil en banlieue parisienne ;-)

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    1. A Montreuil??? Ben, j'en apprends de bien bonne ce soir. Alors, comme ça, ça ne vaut même plus le coup d'aller vivre sous les tropiques pour savourer ces petits plaisirs?

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