25 mai 2013

Ramage et plumage

"-Et pourquoi ne viendriez-vous pas visiter l'université?  Venez mercredi, j'enverrai le chauffeur vous prendre à votre hôtel à 9:00 heures, ça vous va?"
J'avais accepté avec plaisir l'invitation du Professeur Oum Sophal à venir visiter son université. D'une part parce que l'université des sciences de la santé du Cambodge est un lieu intéressant, mais aussi parce que l'amitié du professeur m'était chère. Nous nous connaissions depuis déjà plus d'une dizaine d'années, et la relation qui s'était instauré entre nous dépassait les solennités d'usage.   
Lorsqu'il avait appris que j'étais de passage à Phnom Penh, il m'avait aussitôt appelé, et arrangé très gentiment un dîner au cours duquel ce francophile et francophone qu'il était pouvait encore pratiquer son français dans autant  de discussions intéressantes.
C'est lors de ce diner qu'il me fit très amicalement cette invitation à passer le voir plus tard dans la semaine. Au jour dit, j'enfilai un jeans et une chemisette, chaussai mes baskets,  et son chauffeur vint me prendre à mon hôtel comme convenu. Nous filâmes sur l'université, et alors que nous approchions du bâtiment et je que commençai à apercevoir des silhouettes… je fus pris d'un certain malaise à la vue de la scène vers laquelle nous avancions: le professeur m'attendait  sur le perron, entouré de tout un aréopage de cadres de l'université, tous habillés on-ne-peut-plus officiellement de leurs plus beaux costumes-cravates. Je réalisai soudain que le professeur m'avait sans aucun doute invité ce jour-là bien moins en tant qu'ami qu'en tant que titulaire des fonctions que j'occupais alors[1]. Grave erreur de jugement de ma part!  
Je descendis lentement et quelque peu hésitant de la voiture, et gravis les marches du perron comme un chien qu'on appelle pour prendre sa raclée. Dès que je posai le pied sur le perron, le professeur vint me serrer la main avec un sourire quelque peu embarrassé, un regard discret sur ma tenue. Je m'empressai de lui glisser à l'oreille "-écoutez, je crois que je n'ai pas bien compris la nature de cette visite; est-ce que vous permettez que votre chauffeur me ramène tout de suite à l'hôtel pour que je puisse me changer?". Il me répondit avec un petit rire gêné et sur un ton peu convaincant "-non, non, ce n'est pas grave…". J'insistai, et il accepta aussitôt. Je tournai les talons illico, descendis les marches quatre à quatre, sautai dans la voiture et filai sur l'hôtel. Là, en un temps record j'enfilai mon costume, nouai ma plus belle cravate, chaussai mes chaussures de ville, et courus remonter dans la voiture qui me ramena sur le champ à l'université. Le comité de réception m'attendait toujours debout et au grand complet. Je fis donc un remake de la scène -- cette fois dans sa version "sans embarras" - gravissant maintenant les marches un sourire aux lèvres. Arrivé sur le perron, le professeur joua le jeu, et dans un éclat de rire beaucoup plus léger, vint me re-serrer la main, me re-souhaitant la bienvenue et me présentant alors tous les cadres présents. 
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Ce jour-là, avec le Prof. Oum Sophal
APRÈS m'être changé...
Le reste de la visite fut TRÈS officiel: passant d'une faculté à l'autre, entrant dans les amphithéâtres en plein cours où l'on me tendait le micro pour dire quelques mots aux étudiants, le tout couronnée d'une cérémonie en grande pompe où le professeur et moi signâmes un contrat de financement de recherche (que nous avions préparé plusieurs semaines auparavant), etc. Avec tout ce cérémonial, je ne regrettais pas du tout de m'être changé pour faire honneur à mes hôtes… même si cet ajustement avait dû passer par une scène assez cocasse!  Je pense que le personnel de l'université s'en rappelle encore… 

Période Asian Development Bank, 2003-2010

[1] Coordinateur régional de la Banque Asiatique de Développement du programme GMS-CDC.

20 mai 2013

Laos: mission de terrain – séjour en village K’hmu.


25 février 2002 au matin: lever matinal (5:30 heures) pour prendre l’avion de Xieng Khuang à 7:45 heures. Le chauffeur vient me prendre à la maison à 6:00 heures. Nous passons prendre Dr Phone chez elle et filons sur l’aéroport Watay de Vientiane. Les formalités passées, nous attendons en salle d’attente… quatre heures ! La raison invoquée pour ce long retard est que Xieng Khuang est encore plongé dans le brouillard et l’avion ne pourrait pas y atterrir. En attendant, la Lao Aviation a envoyé notre avion sur Phnom Penh! Enfin nous décollons vers midi et demi dans… un Yak 7! Dire que nous avions choisi ce trajet précisément pour éviter le Yak et prendre un ATR! Quoi qu’il en soit, le voyage est court (30 mn) et sans encombre. Je suis toujours très étonné de voir qu’au Laos – pays pauvre par excellence – tout le monde semble pouvoir se permettre l’avion. On voit ainsi les paysans monter à bord avec leurs poules et autres volailles dans les costumes traditionnels les plus bigarrés. Un des bons côtés de la démocratisation des voyages aériens?